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COMMUNICATION Phytos : la difficile riposte

Face à une nouvelle fronde antipesticides très médiatique, le discours des industriels de la protection des plantes peine à faire écho.

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Sale temps pour la filière de protection des plantes qui essuie depuis quelques semaines plusieurs salves d'attaques à répétition. Alors qu'on la croyait calmée, la fronde antipesticides a en effet été réactivée par la campagne d'affichage de France nature environnement (FNE) en février dernier. Si les produits phytosanitaires ne sont pas les seuls épinglés, le grand public retient très souvent l'agrochimie comme première origine de leurs peurs alimentaires.

Livres, films et semaine sans pesticides

D'autant plus que la campagne FNE a aussitôt été suivie par la sortie de deux livres associés à des reportages télévisés, accusant les pesticides de tous les maux : " Le Livre noir de l'agriculture " et " Manger peut-il nuire à la santé ? ", d'Isabelle Saporta et " Notre poison quotidien ", de Marie-Monique Robin.

Ces pamphlets ont de plus été largement relayés médiatiquement, avec moult interviews et articles chargeant un peu plus les phytos. Du 20 au 30 mars, la sixième semaine sans pesticides, désormais appelée " Semaine pour les alternatives aux pesticides " coordonnée par Générations futures, en a rajouté une couche, très épaulée par quelques voix plus médiatiques que le monde agricole. La mairie de Paris, partenaire très actif de cette manifestation, l'a rendu par exemple très visible.

Campagne du ministère de l'ecologie

Par ailleurs, plusieurs événements sont aussi venus amplifier ce bruit de fond antipesticides. Sous le slogan " Les pesticides, apprenons à nous en passer ", le ministère de l'Ecologie a, par exemple, lancé fin février une vaste campagne de sensibilisation des jardiniers amateurs. Le 19 mars, c'est l'association Phyto victimes qui a été créée, association nationale d'aide et de défense aux victimes des pesticides, rendant les discours antifirmes de ces derniers un peu plus médiatiques.

Et même le cinéma s'y met puisque la sortie, le 16 mars dernier, du film " Pollen ", de l'Américain Louie Schwartzberg, égratigne encore la filière agrochimique sur ses effets néfastes sur les abeilles.

On comprend donc que la riposte des agrochimistes est très difficile, alors que les agriculteurs sont désormais moins critiqués et érigés en victimes des industriels et des organisations professionnelles agricoles. Les firmes se replient derrière leur interprofession qui a malgré tout tenté d'occuper aussi le même terrain médiatique que les opposants aux phytos. Mais l'exercice s'avère périlleux et la voix de l'agrochimie n'a pas eu le même écho dans les télés, radios et journaux. D'autant plus que la conférence de presse organisée par l'UIPP (Union des industries de la protection des plantes) a eu lieu le 10 mars, veille de la catastrophe japonaise qui a aussitôt occupé plus largement les médias.

Laurent Caillaud

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